Critique cinéma – Les Misérables – Ladj Ly (2019)

Le long-métrage prend place dans la cité sous-tension de Montfermeil. C’est dans cette atmosphère de violence et de banditisme que Stéphane, ancien agent de Cherbourg intègre la brigade anti-criminalité, en compagnie de Christophe et Gwada, deux policiers , à la limite de la criminalité. 

Désoeuvré, Issa, jeune adolescent rebelle de la cité vole « Jonnhy », le lionceau appartenant aux gitans qui tiennent un cirque à proximité. Cet enlèvement ravive des agitations entre bandes rivales, car personnes ne sait où est Jonnhy. Alors que la BAC poursuit le jeune adolescent entre les murs de la cité, ce dernier se heurte à un coup de flash-ball de la part de Gwada. Malheureusement pour les policiers un drône a tout filmé. S’en suis une lutte acharnée entre policiers, adultes de la cité et enfant pour savoir qui aura le dernier mot sur cette fameuse vidéo-témoin. Mais les adolescents se heurtent aux pensées des adultes qui souhaitent continuer leurs magouilles, toujours de mèche avec la BAC. S’en est trop pour ces jeunes qui veulent désormais rendre justice à leurs manières…

« Mes amis, retenez ceci, il n’y a ni mauvaise herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs ». C’est par cette citation de Victor Hugo, tirée des Misérables (1862) et écrit à Montfermeil que s’achève le chef d’oeuvre de Ladj Ly. Le silence flotte dans la salle. Chacun prend conscience de ces mots. Défi réussi pour le réalisateur : les spectateurs ressortent de la salle avec la conviction que ces jeunes sont nés au mauvais endroit et sont victimes des rouages de ce microcosme qu’est la cité.

En ce qui concerne la mise en scène, j’ai constaté que le réalisateur s’appuyait beaucoup sur des gros plans voire de très gros plans des visages des acteurs. Peut-être pour faire ressortir au maximum les émotions des personnages ? En effet, il y a très peu de plans où l’on ne voit pas de personnages. Par exemple, la voiture de la BAC n’est vue que deux fois de l’extérieur . À chaque fois que l’on voit cette voiture c’est de l’intérieur, avec évidemment de très gros plans sur les protagonistes, comme pour rappeler la proximité des échanges sociaux dans les cités. C’est filmé par le principe de « caméra à l’épaule » qui donne un effet plus réaliste aux scènes. En effet, il n’y a pas de stabilité, la caméra bouge toujours un peu : comme la vie dans cette cité qui est en constante agitation. 

        Il y a également des plans filmés avec un drône, surplombant ainsi la cité. C’est de par cette hauteur des plans que Ladj Ly nous plonge dans l’énormité de cette microsociété. Les plans en général sont pleins de couleurs et de chaleurs reflétant la mosaïques ethnique et culturelle qui caractérisent les cités.

Ce film rentre en résonnance avec « Divines », réalisé par Houda Benyamina et ayant obtenue la Caméra d’Or en 2016 et « La cité Rose » de Julien Abraham, abordant eux aussi, la problématique des policiers en cité.

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