Vincent Berthelot : Le facteur écrivain

60 ans, 15 000 km parcourus, 220 courriers distribués et d’innombrables rencontres. Voilà le bilan des trois voyages en clepscycle de Vincent Berthelot. Allongé sur son vélo, courriers en poche, casque à la tête, et bonne humeur, ce jeune retraité a sillonné la France, et même la Suisse, pour distribuer des courriers. Rencontre.

   Vincent à bords de son clepscycle 

« En ce moment j’entame l’écriture de mon second livre. » “Le facteur humain” retracera son dernier voyage en clepscycle. Parallèlement, cet ancien directeur de S.E.G.P.A, s’investit dans la médiation culturelle, pour que tous puissent avoir accès à la culture.

Arrivé à la retraite, ce grand-père de cinq petits-enfants a ressenti le besoin de voyager. « C’était une sorte de rite de passage entre mon travail et ma retraite.» Vincent a aussi voulu transmettre l’idée qu’il faut aller au bout de ses rêves. Tenter, oser pour ne pas regretter. 

Comme il le dit si bien « Si on a des choses importantes à faire, il ne faut pas oublier de les faire, sinon à quoi ça sert de vivre ». Le choix était fait : partir voyager à vélo, mais il restait à savoir où ? Pour cela, Vincent a décidé de ne pas choisir où aller, parce que pour lui, « Le plus intéressant ce n’est pas l’endroit où je vais, mais plutôt le chemin que je fais. » confie t-il le regard plongé dans ses souvenirs. C’est à ce moment-là qu’est née l’idée du courrier à distribuer. Ce sont ces lettres qui traceraient son chemin et le transporteraient d’un endroit à un autre de la France. Il a donc franchi le pas pendant l’été 2021. Un premier voyage ponctué d’aventures, de rencontres et de messages. 

Un messager porteur de messages

À travers ses périples, Vincent a lui aussi voulu transmettre un message : « Prenez le temps d’observer votre rapport à l’espace et au temps. On croit être gagnant car tout va plus vite, en un clic un message est envoyé. Mais, au final on est perdant car on ne se rend plus compte de la valeur de celui-ci .» Aujourd’hui, les moyens de communication ont tendance à écraser le temps et l’espace. Mais la lettre a cette authenticité que le SMS ne pourra jamais égaler. Elle a une valeur symbolique, une histoire, un poids enrichi par le voyage de Vincent. Ces lettres, qui vont mettre deux ou trois mois à arriver, vont être chargées d’histoires, car elles auront, elles- mêmes une histoire. Vincent se remémore l’une d’elle avec nostalgie. Sa tasse de thé à la main, le regard tourné vers la fenêtre et ses milliers de kilomètres parcourus, il raconte :

« A cette période, ma femme m’accompagnait sur les routes pour partager avec moi ses derniers jours de vacances. Nous avions cinq-six courriers à distribuer dans la région Caennaise ».

À Hérouville-Saint-Clair, Vincent fait face à une maison vide. « Tant pis se dit-t-il, je repasserai demain ». Personne le jour suivant non plus. Vincent dépose donc le courrier dans la boîte aux lettres. « Le lendemain, j’accompagne à la gare Marie-Anne qui doit rentrer. Sur le chemin du retour, je raconte mon histoire à un couple de cyclistes .» Coïncidence, le couple est justement Hérouvillais. « C’est un courrier pour la famille Legall ».« Nous sommes la famille Legall » répondent-ils. Sur un voyage de 6000 kilomètres, il s’en est fallu de quelques mètres. Des rencontres construites par le bel hasard des correspondances.

Mais pas de hasard dans le choix de voyager à vélo. « Il vaut mieux faire 1000 km en vélo que 1000 km en avion ». Ce militant qui a soutenu la liste “Redon Solidaire” aux municipales de 2020 est soucieux du respect de l’environnement. Un engagement écologique renforcé par les nombreux autocollants qui décorent sa voiture, comme celui du mouvement “Les coquelicots”* que j’ai pu apercevoir en repartant.

*Un mouvement qui appel à la résistance pour l’interdiction de tous les pesticides. 

Gwennan Le Moigne

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